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PSYCHIATRIE : AIDE OU TRAHISON ?
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PSYCHIATRIE : AIDE OU TRAHISON ?
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30 août 2006

Témoignage du Dr. Breggin devant le Congrès américain

par Peter R. Breggin, docteur en médecine

Je suis aujourd’hui devant vous en tant que Directeur du Centre international pour l’Etude de la Psychiatrie et de la Psychologie (ICSPP) ; je suis également devant vous à titre personnel en tant que psychiatre en exercice et parent.

Dans tout le pays, les écoles font pression sur les parents et les contraignent à mettre leurs enfants sous drogues psychiatriques. Les enseignants, les psychologues scolaires et les administrateurs profèrent généralement des menaces extrêmes quant à leur incapacité à enseigner à des enfants sans les traiter avec des médicaments. Ils suggèrent parfois que seuls les médicaments peuvent les sauver d'un lugubre futur de délinquance et d'échec professionnel. Ils font même appel aux services de protection de l’enfance pour enquêter sur les parents quant au manque de soins dont serait victime l'enfant et témoignent parfois contre les parents dans les tribunaux. Les écoles recommandent souvent des médecins spécifiques qui privilégient l’utilisation de drogues stimulantes pour contrôler le comportement. Ces drogues stimulantes comprennent le méthylphénidate (Ritaline, Concerta et Métadate) ou des formes d’amphétamines (Dexedrine et Adderall).

Mon but, aujourd’hui, est de fournir à ce comité, aux parents, aux enseignants, aux conseillers et à l’ensemble des adultes concernés, une base scientifique permettant de rejeter l’usage de stimulants pour le traitement du trouble d’hyperactivité, du déficit de l’attention ou pour le contrôle du comportement en classe ou à la maison.

I. Des taux de prescriptions de stimulants qui s'intensifient

Les drogues stimulantes, y compris le méthylphénidate et les amphétamines, furent d’abord approuvées pour le contrôle du comportement des enfants au milieu des années 1950. Depuis, on tente périodiquement de promouvoir leur utilisation et le public réagit périodiquement contre cette pratique. En fait, les premières audiences du Congrès, critiques à l’égard des médications stimulantes, se sont tenues au début des années 1970 lorsque le nombre d’enfants recevant ces drogues était estimé entre 100 000 et 200 000.

Depuis le début des années 1990 l’Amérique du Nord s'est tournée vers les drogues psycho-actives à un rythme sans précédent en vue de contrôler les enfants. En novembre 1999, la Drug Enforcement Administration américaine (DEA) a averti du danger, précisant que la production de Ritaline, multipliée par 6 entre 1990 et 1995, atteignait des chiffres record. En 1995, l’ International Narcotics Control Board (INCB), une structure de l’Organisation mondiale de la Santé, déplorait que «10 à 12 % de la totalité des garçons âgés de 6 à 14 ans aux Etats-Unis aient été diagnostiqués comme souffrant d’ADHD et soient traités avec du méthylphénidate [Ritaline].» En mars 1997, le bureau déclarait «l’utilisation thérapeutique de métylphénidate fait aujourd’hui l’objet d’un examen minutieux de la part de la communauté médicale américaine ; l’INCB est heureux de ce fait.» Les Etats-Unis consomment environ 90 % de la Ritaline mondiale.

Le nombre d’enfants à qui l’on administre ces drogues a continué d’augmenter. Une étude récente en Virginie indique que 20 % des garçons blancs en seconde reçoivent des drogues stimulantes pendant la journée, des mains d'officiels scolaires. Une autre étude conduite en Caroline du Nord a montré que 10 % des enfants recevaient des drogues stimulantes à la maison ou à l’école. Les taux pour les garçons n’ont pas été communiqués, mais excédaient probablement 15 %. Sur 53 millions d’enfants fréquentant les écoles, probablement plus de 5 millions prennent des drogues stimulantes.

Un rapport récent publié dans le Journal de l’Association Médicale Américaine (AMA), par J.M. Zito et ses collègues, a démontré le triplement des prescriptions de stimulants aux bambins âgés de 2 à 4 ans.

II.  Les actions légales

Plus récemment, quatre poursuites civiles majeures ont été intentées contre Novartis, le fabriquant de la Ritaline, pour fraude dans la sur-promotion de l’ADHD et de la Ritaline. Les plaintes accusent également Novartis de conspiration avec l’Association américaine de Psychiatrie et avec CHADD, un groupe de parents qui reçoit de l’argent de l’industrie pharmaceutique et de lobbies agissant pour leur compte. Deux des poursuites sont des actions de niveau national ; l’une est une action au niveau de la Californie et l’autre est une action pour fraude professionnelle en Californie. Les procureurs impliqués, comme Richard Scruggs, Donald Hildre et C. Andrew Waters, possèdent une expérience et des ressources générées par des procès impliquant le tabac et l’amiante. Le fait qu’ils aient réuni leurs forces pour attaquer Novartis, l’Association américaine de Psychiatrie et le CHADD, indique une vague croissante d’insatisfaction quant au fait de droguer des millions d’enfants.

Les poursuites et le contenu des plaintes sont basés sur des informations publiées initialement dans mon livre, Talking Back to Ritalin (1998) et je suis expert médical dans ces cas.

III.  Les dangers des médicaments stimulants

Les médications stimulantes sont beaucoup plus dangereuses que ne semble le réaliser la plupart des praticiens et des experts publiés. Je résume beaucoup de ces effets dans ma présentation scientifique sur le mécanisme d’action et les effets adverses des drogues stimulantes à la Consensus Development Conference NIH de novembre 1998 sur le Diagnostic et le traitement du ADHD, ainsi que dans des analyses plus détaillées publiées ensuite dans plusieurs sources scientifiques (voir la bibliographie).

Le Tableau I résume la plupart des effets adverses les plus marquants concernant les drogues stimulantes communément utilisées. Il est important de noter que la Drug Enforcement Administration et toutes les autres agences dans le monde, classent le méthylphénidate (Ritaline) et les amphétamines (Dexedrine et Adderall) dans la catégorie II au même titre que la methamphetamine, la cocaïne, la plupart des opiacés et les barbituriques les plus puissants. Le niveau II ne comprend que les drogues ayant le potentiel le plus élevé en ce qui concerne la dépendance et les abus.

Les animaux et les humains s’intoxiquent de façon croisée à la methylphenidate, aux amphétamines et à la cocaïne. Ces drogues affectent les mêmes trois systèmes de neurotransmetteurs et les mêmes parties du cerveau. Il n’y avait donc pas de quoi être surpris lorsque Nadine Lambert (1998) a présenté des conclusions, lors de la Consensus Developement Conference (document joint), indiquant que la prescription de stimulants dans l’enfance prédispose les individus à abuser de la cocaïne au début de l'âge adulte.

De plus, leur potentiel addictif et le fait qu’elles induisent des consommations abusives reposent sur la capacité de ces drogues à changer la chimie du cerveau de façon drastique et permanente. Des études sur les amphétamines montrent que des doses cliniques à court terme engendrent la mort des cellules du cerveau. Des études similaires sur le methylphenidate montrent des changements de longue durée et parfois permanents dans la biochimie du cerveau.

Tous les stimulants altèrent la croissance, et ceci non seulement en perturbant l’appétit mais également en modifiant la synthèse de l’hormone de croissance. Ceci constitue une menace pour chaque organe du corps, y compris le cerveau, pendant la croissance de l’enfant. La perturbation des neurotransmetteurs majore cette menace.

Ces drogues endommagent également le système cardio-vasculaire et produisent communément de nombreux effets mentaux adverses, y compris la dépression.

Trop souvent les stimulants deviennent la porte d'accès vers les drogues illégales. Comme nous l’avons noté, la prescription de stimulants prédispose les enfants à des abus de cocaïne et nicotine au début de l'âge adulte.

Plus souvent encore, les stimulants motivent la prescription de drogues psychiatriques additionnelles. La sur-stimulation induite par les stimulants, par exemple, est souvent traitée par des sédatifs qui créent une dépendance ou s’avèrent dangereux, et la dépression induite par des stimulants est souvent traitée par des anti-dépresseurs dangereux et non approuvés. Comme le contrôle émotionnel de l’enfant s'effondre en raison des effets de ces drogues, les stabilisateurs d’humeurs peuvent être ajoutés. Eventuellement, ces enfants finissent par prendre quatre ou cinq drogues psychiatriques à la fois et sont diagnostiqués comme souffrant de désordre bipolaire à l’âge de 8 ou 10 ans.

Dans ma pratique privée, les enfants peuvent habituellement être sevrés de toutes les drogues psychiatriques, avec pour conséquence une grande amélioration dans leur vie et leur comportement psychologique, pourvu que les parents ou d’autres adultes concernés soient désireux d’apprendre de nouvelles approches pour discipliner les enfants et s’occuper d’eux.  Des consultations avec l’école, un changement d’enseignants ou d’école, du rattrapage scolaire à la maison peuvent également aider à répondre aux besoins des enfants sans recourir aux traitements chimiques.

IV. L’effet éducatif du diagnostic d’ADHD sur les enfants

Il est important que le Comité sur l’Education comprenne que le diagnostic d’ADD/ADHD a été développé spécifiquement dans le but de justifier l’utilisation de drogues pour maîtriser le comportement des enfants en classe. Le contenu du diagnostic dans le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM) de 1994 de l’Association américaine de psychiatrie montre que ceci a spécifiquement pour but de supprimer les comportements non désirés en classe. Le diagnostic se divise en trois types : hyperactivité, impulsivité et inattention.

Concernant l’hyperactivité, les deux premiers (et plus puissants) critères sont « remue souvent ses mains ou ses pieds ou se tortille sur son siège » et « quitte souvent son siège en classe ou dans d’autres situations où l’on attend de lui qu’il reste assis. » Clairement, ces deux « symptômes » ne sont rien de plus, ou de moins, que des comportements susceptibles de causer des perturbations dans une classe importante et structurée.

Concernant l’impulsivité, le premier critère est «laisse souvent échapper des réponses avant que les questions ne soient entièrement posées» et concernant l’inattention, le premier critère est «manque souvent de prêter une attention soutenue aux détails ou fait des erreurs de négligence dans son travail scolaire, son travail ou d’autres activités.» Une fois de plus, le diagnostic lui-même, formulé sur plusieurs décades, ne laisse aucun doute en ce qui concerne son but : redéfinir un comportement perturbateur en classe comme étant une maladie. Le but ultime est de justifier l’utilisation de médication pour inhiber ou contrôler les comportements.

Les partisans de l’ADHD et des drogues stimulantes ont prétendu que l’ADHD est associé à des changements dans le cerveau. En fait, à la fois les rapports de la  Consensus Developement Conference NIH (1998) et de l’Académie américaine de pédiatrie (2000) ont confirmé qu’il n’existe aucune base biologique connue pour l’ADHD. Toute anormalité du cerveau chez ces enfants est presque certainement causée par des expositions antérieures à des drogues psychiatriques.

V.  Comment ces médicaments agissent

Des centaines d’études d’animaux et d’essais cliniques humains ne laissent aucun doute sur la façon dont les médicaments agissent.

Tout d’abord, les drogues suppriment tout comportement spontané. Chez des chimpanzés en bonne santé et chez d’autres animaux, on peut le mesurer avec précision par une réduction de toutes les activités spontanées ou auto générées. Chez les animaux et les humains, ceci se manifeste par une réduction des comportements suivants : (1) exploration et curiosité ; (2) socialisation ; (3) jeu.

Les drogues augmentent ensuite les comportements obsessionnels-compulsifs, y compris les activités très limitées et trop focalisées.

Le tableau II fournit une liste des effets adverses des stimulants qui sont communément pris à tort comme une amélioration par les cliniciens, les enseignants et les parents.

VI. Ce qui se passe vraiment

On diagnostique les enfants comme souffrant d’ADHD lorsqu’ils sont en conflit avec les attentes ou les demandes des parents et/ou des enseignants. Le diagnostic d’ADHD est simplement une liste des comportements qui causent le plus communément des conflits ou des perturbations dans les classes, particulièrement dans celles qui demandent un haut niveau de conformité.

En diagnostiquant l’ADHD chez l’enfant, le blâme pour le conflit est placé sur l’enfant. Au lieu d’examiner le contexte de la vie de l’enfant – les raisons pour lesquelles l’enfant est turbulent ou désobéissant en classe ou à la maison - le problème est mis sur le compte d’une déficience du cerveau de l’enfant. La classe et la famille sont toutes deux exemptes de critique ou du besoin d’amélioration et l’on fait au contraire de l’enfant la source du problème.

Le traitement par médicaments de l’enfant devient alors une réponse cœrcitive au conflit dans lequel le protagoniste le plus faible du conflit, l’enfant, est drogué pour en faire un individu plus obéissant ou soumis.

VII. Conclusions et observations

De nombreux observateurs ont conclu que nos écoles et nos familles échouent à répondre aux besoins de nos enfants de nombreuses façons. De nombreux enseignants se sentent stressés par les conditions des classes ou sont mal préparés à répondre aux problèmes émotionnels des enfants. Les classes elles-mêmes sont souvent trop importantes ; il y a trop peu d’assistants enseignants et de volontaires pour aider ; les matériaux éducatifs sont souvent démodés et ennuyeux en comparaison avec les technologies modernes qui attirent les enfants.

En diagnostiquant et en droguant nos enfants, le blâme pour le problème est ainsi transféré de nos institutions sociales et nous-mêmes en tant qu’adultes vers les enfants relativement impuissants dont nous avons la charge. Nous blessons nos enfants en échouant à identifier et à répondre à leurs véritables besoins éducatifs par des enseignants mieux préparés, davantage d'enseignants, des classes amicales pour l'enfant, des programmes scolaires plus incitatifs et des technologies scolaires plus engageantes.

En même temps, lorsque nous diagnostiquons et droguons nos enfants, nous évitons de faire face aux questions critiques de la réforme de l’éducation. En effet, nous droguons les enfants qui signalent le besoin de réforme et nous forçons tous les enfants à se conformer à nos systèmes bureaucratiques.

Finalement, lorsque nous diagnostiquons et droguons nos enfants, nous nous privons de notre pouvoir en tant qu’adultes. Tandis que nous sommes momentanément soulagés de ce sentiment de culpabilité en considérant que la faute vient des cerveaux de nos enfants, nous nous privons de la possibilité de faire les interventions adultes dont nos enfants ont besoin. Nous devenons littéralement des spectateurs dans la vie de nos enfants.

Il est temps de reconquérir nos enfants en abandonnant cette fausse approche médicale suppressive. Je félicite ces parents qui ont le courage de refuser de donner des stimulants à leurs enfants et qui tentent, au contraire, d’identifier et de répondre à leurs véritables besoins à l’école, à la maison et dans la communauté.


© Dr Breggin.
Témoignage du 29 septembre 2000, devant le sous-comité de Surveillance et d’Enquêtes, Comité sur l’éducation et la main-d’œuvre, Congrès des Etats-Unis d’Amérique.
Traduction : Docteur Jean-Philippe Labreze, septembre 2004.
Texte intégral : Collectif des médecins et des citoyens contre les traitements dégradants de la psychiatrie.


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Commentaires
P
Je comprend que ca peut etre nefaste pendant la croissance mais si la consomation se fait a l'age adulte les effets sont-ils secondaire sont-il les même ?
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