Heinrich Gross a été déclaré « dément » par la justice autrichienne,
en 2000, quelque temps avant de mourir. Il fut
accusé une première fois d'avoir assassiné des enfants handicapés sous le IIIe Reich, dans la
clinique du Spiegelgrund, à Vienne. Il n'a jamais été jugé pour ses crimes.
Le 22 mars 2000, la justice autrichienne a clos le dossier judiciaire
de cet ancien psychiatre nazi. Comme l’a rapporté Le Nouvel Observateur, «Heinrich Gross, âgé de 89
ans, était médecin-chef de l'hôpital du Spiegelgrund à Vienne, l'une
des cliniques nazies en Autriche où 789 enfants handicapés ont été tués
par le régime hitlérien. Ces meurtres avaient été commis dans le cadre
du programme d'euthanasie destiné, selon l'idéologie nazie, à éliminer
de la société "les vies sans valeur" à une époque où l'Autriche,
annexée en 1938 par l'Allemagne hitlérienne, faisait partie du IIIème
Reich. »
L’hôpital viennois où ont été pratiqués ces actes d’enthanasie sur les
enfants, du nom de « Spiegelgrund », a conservé scrupuleusement la liste
de tous les décès survenus depuis juillet 1940 jusqu’à la fin de la guerre.
Bien que les meurtres par euthanasie étaient systématiquement
camouflés en maquillant les noms des victimes, le « Livre des Morts »
représente une source inestimable grâce à laquelle il fut possible de
retrouver les noms des 789 petites victimes, avec leurs dates de
naissance, de leur entrée à l’hôpital et de leur décès.
L’existence de ce registre avait été gardé secrète par l’hôpital
psychiatrique de la ville de Vienne au Baumgartner Höhe jusqu’en 1998. Ce registre résidait dans les archives
municipales et provinciales de Vienne jusqu’en 2002.
Les portraits des victimes du Spiegelgrund que l'on peut voir dans le site consacré à cette affaire sont inspirés des clichés
photographiques provenant des dossiers individuels des patients de
l’établissement datant de l’époque. Ces portraits, œuvre de l’artiste Anne
Schmees, ont
été commandés par la ville de Vienne à l’occasion de la cérémonie mortuaire qui eut lieu en 2002.
Heinrich Gross
Selon Le Nouvel Observateur, « Heinrich Gross a une nouvelle fois été inculpé
pour le meurtre de 9 enfants à la clinique du Spiegelgrund à la fin des
années 1990, après que l'un de ses anciens patients sur lequel il avait
pratiqué des expériences médicales, l'eût reconnu et découvert qu'il
travaillait comme médecin légiste pour le ministère autrichien de la
Justice. Le dossier était partiellement fondé sur un document des
archives de la "Stasi", les services secrets est-allemands, qui
prouvait que Heinrich Gross était directement impliqué dans les
meurtres par euthanasie pratiqués au "Spiegelgrund".
Heinrich Gross est décédé le 15 décembre 2005 à Hollabrunn à l'âge de 91 ans. Selon divers témoignages, le psychiatre a mené sur ses patients
diverses expériences « médicales » qui se résumaient à des actes de
barbarie comme l’injection d’aiguille dans le cerveau, l’inoculation de
maladies, etc.
Heinrich Gross avait été incarcéré un court moment après la
guerre, puis, bien plus tard, dans les années 1980, un tribunal qui
s’était penché sur son passé, n'avait pas retenu les conclusions d'un
autre tribunal qui avait auparavant reconnu le psychiatre coupable
d'homicide. Gross
a tranquillement exercé la profession de psychiatre-légiste pendant 30 ans
jusqu'en 1997.
Comme s’est exprimé un témoin, « Le ministère de la Justice a toujours
'protégé' Heinrich Gross". Il est très commode de fermer le dossier
maintenant, car c'est un scandale et une honte. » Johann Gross, une ancienne victime du psychiatre qui n'est pas en
parenté avec Heinrich Gross, a déclaré qu'il n'était pas surpris par la
décision du ministère de la Justice. […] "J'ai toujours les séquelles
de l'époque où j'étais au Spiegelgrund. On m'a fait des piqûres,
c'était des punitions car j'ai essayé de m'enfuir à plusieurs
reprises", a relaté Johann Gross, indiquant qu'il était de l'avis que
Heinrich Gross était en état de suivre un procès.
Ces horreurs ont été rappelées dans un film documentaire "Spiegelgrund", dont les deux cinéastes sont Angelika Schuster et Tristan Sindelgruber.
Voir le site internet des auteurs du document (en anglais et en allemand).
Site internet complet sur l'hôpital psychiatrique Spiegelgrund.
Source: © Le Nouvel Obs.
Voir aussi un film documentaire en français : Au nom de la science, réalisé par Joe Berlinger.
Ce documentaire révèle qu'en avril 2002, "750 cerveaux et têtes d'enfants ont été découverts dans les sous-sols de la clinique pour enfants de Vienne, la Spiegelgrund. Ces 750 enfants ont été assassinés dans le cadre du programme d'euthanasie des nazis conduit par le docteur Heinrich Gross, commandant en second de la Spiegelgrund. Pendant plus de 40 ans après la guerre, le docteur Heinrich Gross a poursuivi ses recherches sur ces cerveaux d'enfants. Gross, aujourd'hui [à l'époque du documentaire] âgé de 86 ans, vit en homme libre en Autriche, toujours officieusement protégé par le gouvernement... Le film combine l'histoire édifiante de Spiegelgrund, les témoignages des parents des victimes et le combat mené pour amener Gross devant la justice."