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PSYCHIATRIE : AIDE OU TRAHISON ?
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PSYCHIATRIE : AIDE OU TRAHISON ?
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18 août 2006

"La psychanalyse, comme la psychiatrie, ne sert qu’à nier le libre arbitre"

Les vrais penseurs de notre temps

Le concept de « maladie mentale » est mythologique, utilisé pour des raisons stratégiques, des intérêts sociaux, nationaux, religieux. Szasz dénonce l’utilisation de la psychiatrie comme moyen de contrôle social, comparant le rôle du psychiatre envers les déviants à celui des inquisiteurs face aux hérétiques. (On dit de lui qu’il raconte que tout le monde est fou… sauf les fous, naturellement! ) En fait Szasz explique que personne n’est fou, y compris les « fous ». Mais les fous essaient de nous dire des choses embarrassantes que nous ne voulons surtout pas entendre. Aussi, la société compte sur les psychiatres pour les faire taire. La maladie mentale n’est pas un problème médical, mais un problème de pouvoir. Szasz a été l’un des premiers à dénoncer la répression de la folie avec son cortège de camisoles, enfermements, électrochocs, lobotomies et abrutissements chimiques. Les premiers asiles furent créés en Grande Bretagne par l’aristocratie afin d’empêcher ses membres « égarés » de dissiper leur fortune. Dans la plupart des cas, ce qu’on appelle schizophrénie ne correspond à aucun dérangement organique. « Arrêtons de raconter qu’il y a, derrière chaque pensée tordue, une molécule tordue dans notre cerveau ». Si tel était le cas, précise Szasz, il faudrait traiter la schizophrénie comme n’importe quelle autre maladie, et ne plus faire des malades mentaux une catégorie à part que l’on enferme et que l’on soigne d’autorité. « ais, précise-t-il, je n’idéalise pas la folie ; je ne pense pas que les fous soient des êtres supérieurs, victimes de la société capitaliste. »

« Nous sommes en présence d’un phénomène religieux et non pas scientifique ». Le diagnostic de « folie » a pris la succession, dans notre civilisation occidentale, de celui de « possession ». La sorcière, les possédés dérangeaient et étaient donc éliminés par des inquisiteurs au nom de la vraie foi. Aujourd’hui, les psychiatres sont les nouveaux inquisiteurs et procèdent à une élimination comparable, mais au nom de la « vraie » science. Autrefois, l’on croyait dans la religion, aujourd’hui, dans la science.

L’évolution des diagnostics selon les mœurs apporte une preuve supplémentaire, selon Szasz, du caractère peu scientifique de la maladie mentale. À la fin du XIXe siècle les psychiatres traitaient surtout des hystériques et des épileptiques. L’hystérique, comme la sorcière du Moyen Âge, était généralement une jeune femme. Aujourd’hui, ces deux « maladies » ont pratiquement disparu Å\ sans traitement. Elles ont été remplacées par la schizophrénie et la paranoïa. [Les enfants « hyperactifs » traités au Ritalin sont la mode psychiatrique actuelle.] Ce qui nous dérange a évolué.

Le concept de « maladie mentale » nous permet de nous accommoder de comportements dont nous avons du mal à accepter qu’ils puissent être normaux. Par exemple « le crime ». « Les criminels ne sont plus exécutés, ils sont soignés. » Le rôle des psychiatres dans la société moderne « est de libérer les coupables et d’interner les innocents ». Un condamné à mort en Floride, ne peut être exécuté parce que les psychiatres de la prison le trouvent trop fou pour subir sa peine. (histoire vraie) Faut-il donc le soigner pour pouvoir l’exécuter, demande Szasz? La cour suprême des États-Unis s’interroge. Jusqu’au XVIIIe siècle, le mal était interprété comme une possession par le Diable. Aujourd’hui le mal est nécessairement le signe d’un désordre génétique et chimique. Tout cela, selon Szasz, relève de la pensée mythique, et non pas de la science.

La psychanalyse, comme la psychiatrie, ne sert qu’à nier le libre arbitre et à faire reculer la responsabilité individuelle. Les voleurs, explique Szasz, étaient autrefois considérés comme responsables de leurs actes et punis comme tels. Mais dès l’instant où le voleur devient un « kleptomane », l’incendiaire, un « pyromane » etc., il n’est plus responsable du vol ; il est « agi » de l’extérieur par des pulsions qui lui échappent et qu’il ignore.

Extrait de Les vrais penseurs de notre temps de Guy Sorman, Fayard © 1989.


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